
De ses études à l’école d’art de Grenoble – encore hantée par le souvenir des aînés : Philippe Parreno, Dominique Gonzalez-Foester, Pierre Joseph… – Benoît Broisat retire la conviction que les œuvres d’art ne valent pas tant pour leurs qualités esthétiques que pour la richesse des interactions humaines qui se tissent autour d’elles, aussi bien au moment de leur réalisation qu’aux diverses étapes de leur circulation.
Diplômé en 2003, il fait très tôt des rencontres déterminantes, notamment avec Hans Ulrich Obrist qui lui permet d’entrer, à 25 ans, dans les collections du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, ou avec Christian Boltanski qui, en l’invitant à exposer à ses côtés à Yokohama, amorce une relation privilégiée avec le Japon qui se poursuit encore à ce jour.
Au fil des ans, Benoît Broisat participe à plus d’une centaine d’expositions, aussi bien en France (Musée d’art moderne de la ville de Paris, Galerie Nationale du Jeu de Paume, Frac Champagne-Ardenne, MAC VAL…) qu’à l’international (Caixa Forum de Barcelone, Musée d’art contemporain de Tokyo, Misheng Art Museum à Shangai, Serpentine Galleries à Londres, Mori Art Museum à Tokyo…). Il prend également part à la 9e biennale de Lyon et à la 3e Biennale des jeunes artistes de Bucarest et, en 2010, réside pendant six mois à la Villa Kujoyama à Kyoto.
Considérant l’ensemble de sa démarche artistique comme une vaste recherche, il double sa pratique artistique d’une approche théorique qui se traduit par des publications dans des revues universitaires (Lieux Communs, Interlope…) ou grand public (les Inrockuptibles, Not Today magazine…). Nourrie par des entretiens avec d’autres artistes mais aussi avec des cinéastes, des architectes, des géographes, des scientifiques… cette recherche s’intéresse aux nouvelles images et aux nouveaux dispositifs de captation (Deepfake, intelligences artificielles génératives, NFT, métavers, drones…) qui s’inventent hors du champ de l’art sous l’impulsion du complexe militaro-industriel, des GAFAM ou des industries du divertissement et qui transforment en profondeur notre rapport au réel.
Cette double activité l’amène tout naturellement à se tourner vers le monde académique (il enseigne à l’université Paul Valéry – Montpellier 3) et vers les écoles d’art. Après être intervenu pendant deux ans aux Beaux-Arts de Nantes en qualité d’artiste-chercheur, il rejoint ainsi rejoint l’École Supérieure d’Art d’Avignon en 2021 en tant que professeur d’enseignement artistique.
Son désir de prendre la direction de cette école traduit une volonté de s’y engager au-delà des enjeux d’enseignement. Les écoles d’art en général et celle d’Avignon en particulier, du fait de son fort ancrage territorial et des spécificités de son double cursus, lui apparaissent en effet comme des lieux non seulement de transmission mais aussi d’invention de pratiques et de savoirs. Dans un monde en pleine mutation, lourd de défis et d’incertitudes, il souhaite contribuer à faire de l’ESAA un lieu où expérimenter ici et maintenant de nouvelles modalités de création et, à travers elle, d’autres manières d’être au monde et de faire société.