Les soutenances DNSEP 2017 de quatre étudiantes de l’École supérieure d’art d’Avignon, pour l’obtention du Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique, option art, mention conservation-restauration, ont eu lieu :
- le 16 juin 2017 (mémoire), à huis-clos devant le jury restreint composé de Yaël Kreplak, chercheuse en sociologie des mondes de l’art associée au CEMS-IMM (EHESS, Paris), et Gaspard Salatko, professeur d’anthropologie de l’art et du patrimoine à l’ESAA, coordinateur de 5e année.
- les 19 et 20 juin 2017 (projet), en public limité devant le jury complet composé de : Emmanuel Latreille, directeur du FRAC Occitanie / Montpellier (président du jury), Sergueï Wolkonsky, artiste et ancien professeur à l’ESA de Perpignan, Ariel Bertrand, conservatrice-restauratrice de peintures (Master CRBC), Yaël Kreplak, chercheuse en sociologie des mondes de l’art associée au CEMS-IMM (EHESS, Paris) , et Gaspard Salatko, professeur d’anthropologie de l’art et du patrimoine à l’ESAA.
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La fin de l’année scolaire 2016-2017 a vu quatre étudiantes candidates à l’obtention du DNSEP, option art, mention conservation-restauration de biens culturels. Investies dans le champ de recherche et d’application de la conservation-restauration que privilégie l’ESAA, elles on présenté chacune devant un jury* pluridisciplinaire extérieur, un mémoire de recherche et un projet d’intervention. Leur enjeu principal fut le traitement d’objets qui se rapportent par convention à l’art contemporain et aux artefacts ethnographiques conservés dans des institutions publiques, conformément au cadre réglementaire et d’habilitation du droit du patrimoine.
Le caractère interactif et performatif de productions artistiques contemporaines et le nouveau statut de certains objets scientifiques patrimonialisés, requièrent de prendre en considération une matérialité dont la teneur excède les caractéristiques et propriétés inhérentes à leur constitution physique. Il s’agit de se pencher aussi sur les conditions situées de fonctionnalité ou de l’usage de ces objets dans des temporalités et spatialités différentes, ainsi que sur la teneur des relations sociales auxquelles ils ont contribué ou qu’ils ont même déterminées.
S’appuyant sur une enquête, cette considération a conduit chacune des candidates vers l’analyse des informations accumulées et l’élucidation d’une problématique originale dans une situation donnée. L’examen de modalités particulières pour la réactivation de ces œuvres d’art contemporain et ces artefacts scientifiques étudiés à l’aune d’un mode d’existence patrimonial, a réclamé à la fois leur reconsidération ontologique et des propositions de traitements spécialement adaptées à leur singularité. Celles-ci devant permettre de mieux rendre compte de déplacements interprétatifs qui jalonnent la « trajectoire biographique » de ces objets anciens.
Les travaux réalisés cette année ont donné à cet enjeu multiple tout son relief et sa portée en proposant, via un recours approprié à des outils des sciences humaines, sociales et exactes, des solutions ajustées à des objets sémiophores dont chaque candidate aura tenté d’ouvrir tout l‘éventail des potentialités signifiantes.
S. Elarbi, G. Salatko, M. Maire.
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PROGRAMME, HORAIRES & LIEUX
Approche de l’œuvre Three diagram man meets loveelasticity de John Bock, par Aurore ORLANDI.
L’installation Three diagram man meets loveelasticity a été créée par John Bock en 2001, et acquise par le FRAC-PACA en 2004. L’œuvre est aussi composée d’une vidéo de performance et des objets issus de cette dernière. Voilà ce que nous savions de cette œuvre en janvier 2017. L’enjeu de ce mémoire est de redonner à voir cette œuvre en respectant son intégrité. Pour ce faire, il a fallu utiliser des outils quelque peu différents de la conservation-restauration dite classique. En mettant le résultat de l’enquête sur son parcours en regard de sa matérialité, nous pourrons ainsi examiner si elle présente des problèmes d’intégrité et quelle est la teneur de ses altérations. Nous pourrons ensuite déterminer comment intervenir sur cette œuvre étant données ses spécificités.
Direction de projet : Stéphanie Elarbi / Direction de mémoire : Hervé Giocanti
Le phare acoustique du Docteur Vladimir Gavreau. Une étude en conservation-restauration sur les fonctions d’un objet scientifique partiellement identifiable, par Masumi KANAMORI.
L’objet de mon étude, le phare acoustique, a été fabriqué en 1964 par un scientifique, Vladimir Gavreau, pour une étude sur la directivité d’ondes sonores à basse fréquence au Laboratoire de Mécanique et d’Acoustique de Marseille. C’est un objet expérimental dont l’objectif était de servir d’instrument à infrason voire en tant qu’arme infrasonique. Malgré quelques informations que j’ai pu obtenir concernant cet objet, il reste encore des zones d’ombres et des éléments à identifier. Au cours des recherches sur le personnage de Gavreau et du phare acoustique, une ambiguïté sur la théorie de l’objet est apparue. Cette indétermination de l’objet m’a amenée à réfléchir sa catégorisation en tant qu’objet scientifique et technique obsolète, au point de remettre en cause son rôle dans la société.
Ce mémoire contribue clarifier les fonctions d’un objet scientifique et technique non-identifiable et statuer sur les conditions de sa conservation-restauration.
Direction de projet : Pierre Lagrange, Marie Boyer, Jean-François Salles / Direction de mémoire : Gaspard Salatko
Le Thylacine du Muséum-Aquarium de Nancy. Deux interventions pour la représentation de la taxidermie erronée d’un animal disparu. Un outil de sensibilisation à la conservation du vivant, par Pauline BERTRAND.
Cette recherche repose sur une taxidermie de thylacine, ou tigre de Tasmanie, conservée dans les réserves du Muséum-Aquarium de Nancy. Ce représentant d’une espèce disparue a été naturalisé au XIXème siècle dans une posture erronée avec une poche marsupiale inversée, imitant celles d’un kangourou. N’étant plus exposé au public depuis 2005, comment permettre la représentation d’un tel spécimen à des fins pédagogiques et de sensibilisation écologique, sans toutefois altérer ses valeurs scientifiques et historiques ?
Direction de projet : Marc Maire / Direction de mémoire : Gaspard Salatko
Le monde de Feux Pâles. L’exposition à l’épreuve de la conservation-restauration. (2 tomes), par Zoê RENAUDIE.
Feux pâles est une exposition (CAPC, 07 décembre 1990 – 03 mars 1991) de l’agence Les ready made appartiennent à tout le mond Ⓡ. Elle est cependant considérée comme une œuvre de Philippe Thomas (1951-1995) . La nature ambiguë du médium de ce bien culturel m’a enjoint à définir des méthodes de conservation-restauration ajustées à la fois à la dimension événementielle de Feux pâles mais aussi à ses qualités d’installation ou d’œuvre composite : comment caractériser l’exposition, établir son état référentiel et concevoir son activation ?
Direction de projet : Stéphanie Elarbi / Direction de mémoire : Gaspard Salatko