La recherche à l’ESAA vise une transversalité réelle entre la création et la conservation-restauration, de sorte que ces pratiques qui passent parfois pour très éloignées se nourrissent l’une de l’autre. La recherche en art se caractérise par sa dimension collective. Elle obéit à un principe de la friction des pratiques (la friction plus que la leçon) : on travaille une question, un problème, au croisement de plusieurs méthodologies et par la production des formes (et non seulement de langage, comme dans le cas de la recherche universitaire). Ainsi se rencontrent, et parfois se heurtent, différentes expériences, expertises et méthodes.
Les activités de recherche s’appuient sur un dialogue permanent entre la pratique et la théorie et se structurent avec la conviction que dans l’art et la culture s’élaborent des manières d’habiter le monde qui déjouent les déterminismes sociaux, interrogent les inégalités économiques et aident à penser la crise globale, migratoire et environnementale.
Les axes de recherche s’articulent ainsi autour de la notion de restauration dans ses acceptions élargies : restauration des œuvres, mais aussi restauration des écosystèmes et restauration de liens, y compris de lien social. En ligne de mire, le questionnement de la place de l’artiste dans la cité et l’invention de futurs désirables. Les formes travaillées s’avèrent ainsi parfois, souvent, des formes de vie. Restaurer une œuvre, c’est créer de nouveaux liens, de nouveaux attachements à cette œuvre. C’est se demander pourquoi on la garde et pourquoi on la regarde, et ce que continuer à la garder et à la regarder nous enseigne. La prise en compte des notions de soin, de maintenance et d’attention permet d’éviter l’écueil d’une conception conservatrice de la conservation-restauration.