
Journée d’étude exceptionnelle | Enquête en conservation-restauration
Journée d’étude Jeudi 28 avril 2022 : L’enquête en conservation-restauration
Journée d’études exceptionnelle sur les méthodes d’enquête en conservation-restauration. De la fonction aux usages, du passé au présent, de l’objet ethnographique à la performance en art contemporain, cette journée d’étude organisée par Salma Ghezal, Morgan Labar et Bernard Müller sera l’occasion de revenir sur les méthodes et pratiques de la conservation-restauration à l’ESAA.
Intervenants :
- Marion Bertin (Avignon Université)
- Stéphanie Elarbi (Musée du quai Branly – Jacques Chirac)
- Bernard Müller (ESAA)
- Gaspard Salatko (Fondation des Sciences du Patrimoine)
- Zoé Renaudie (Luma Arles)
L’approche en conservation-restauration (CR) à l’École supérieure d’art d’Avignon (ESAA) se distingue en promouvant une enquête qui met l’accent sur la dimension immatérielle des objets d’étude. Elle privilégie des méthodologies d’enquête orientées davantage sur l’usage que sur la fonction. L’enquête contribue à décrire les conditions sociales, culturelles et historiques d’utilisation des objets à conserver ou à restaurer. Elle ne remplace pas l’approche matérielle, mais la complète.
Déplaçant la focale de la chose à son contexte, l’enquête opère un déplacement de l’identité fixe de l’objet (paradigme essentialiste) vers l’épaisseur mouvante de sa biographie – sa fabrication, ses usages, ses circulations, ses altérations.
Dans cette approche, l’objet en question est systématiquement soumis au filtre critique d’une enquête veillant à situer l’objet. Que ce soit selon la fonction qu’il incarne ou selon les traces qu’il porte, c’est toujours à partir d’une situation singulière que l’enquête démarre : le contexte de la commande de conservation ou de restauration, dont l’analyse permet d’identifier des dynamiques patrimoniales spécifiques.
Cette orientation méthodologique offre un atout indiscutable pour la conservation-restauration d’objets, dont la fonction échappe quand on en ignore le contexte d’usage, à l’instar des objets rituels / arts sacrés et de certaines œuvres contemporaines, notamment performatives, dans lesquels l’objet est un outil activant une situation. C’est en réalité la situation performative qui est à restaurer. Le / la restaurateur.ice-anthropologue peut par exemple fournir une documentation pratique conçue à partir de la réactivation momentanée, bien qu’artificielle ou théorique, que permet l’enquête, parfois au moyen de méthodes de reenactment / reconstitution historique.
Cette journée d’étude ouverte au public et en particulier aux étudiant.e.s de l’ESAA a pour objectif de clarifier les attendus d’une enquête en conservation-restauration, ses différentes étapes, les outils qu’elle mobilise et l’analyse des données qu’elle génère. Les interventions de 30 minutes seront suivie de 15 minutes d’échange. La journée se conclura par un long temps d’échange et de dialogue.
Jeudi 28 avril, Gaspard Salatko, conservateur-restaurateur et chercheur propose une intervention exceptionnelle à l’ESAA intitulée De la crise patrimoniale à l’enquête : la conservation-restauration entre anthropologie et pragmatisme.