SESSION 2016 DES SOUTENANCES DU DNSEP DE L’ESAA

option art mention conservation-restauration de biens culturels

En 2016, cinq candidates postulent à l’obtention du DNSEP, option art, mention conservation-restauration des biens culturels. Pour rappel, deux épreuves sanctionnent l’accès à ce diplôme national de grade Master II. Il s’agit, dans un premier temps, de soutenir le mémoire; puis, dans un second temps, d’exposer oralement la teneur du projet de conservation-restauration construit tout au long de cette cinquième année.

L’ inflation contemporaine du  panorama des biens culturels a pour effet de questionner le champ d’application de la conservation-restauration. Pour cette discipline, la résolution de problèmes ne se restreint pas à la matérialité d’artefacts. Elle engage le conservateur-restaurateur à ne pas tenir pour autonomes les choses qui lui sont confiées et à les envisager au regard de la pluralité des mondes et des modes d’existences dont elles témoignent.

Dans ces conditions, la commande institutionnelle de restaurer ne va pas de soi. Elle enjoint les conservateurs-restaurateurs à considérer au moins deux questions complémentaires .

D’une part, comment rendre compte des conditions d’activation et de réactivation des objets qui leur sont confiés, étant données les spécificités mêmes des institutions qui sont chargées d’en assurer la pérennité ?

Et, d’autre part, comment comprendre les prérogatives du conservateur-restaurateur et situer son intervention au contact des autres acteurs des mondes de l’art et du patrimoine ?

Les travaux réalisés  cette année à l’École Supérieure d’Art d’Avignon illustre et mettent en perspective la variété des situations où s’actualisent ces questions :

  • jupe monnaie 02Après un stage de plusieurs mois en Nouvelle-Calédonie, Marie BASTARD se propose d’envisager les conditions d’exposition de la collection de « jupes-monnaies » du Muséum d’histoire naturelle de la Rochelle. Témoins des bouleversements culturels à partir du XIXè siècle, liés à la colonisation, ces objets à la fois vestimentaires et monnaie d’échanges matrimoniaux, ne sont plus confectionnés ni utilisés aujourd’hui. En sorte que la formulation d’une proposition de traitement non assujettie à une interprétation ethnocentrée de ces objets, requiert de rendre compte du point du point de vue Kanak aussi bien que du point de vue occidental.


 

accords faisandés

  • Soucieuse de réfléchir au devenir des installations détenues par les Fonds régionaux d’art contemporain, Gaëlle BAUDRY envisage les conditions de réactivation d’Accord faisandé réalisée en 2013 par l’artiste Anthony Duchêne. Conservée par le Frac de Provence-Alpes-Côte d’azur, cette oeuvre n’a plus été exposée depuis son acquisition. Dès lors, comment donc fournir à l’institution les moyens de disposer cette installation dénuée de notice protocolaire, sans en trahir le sens tout en se passant de l’intervention de son auteur ?


 

Where the slaves live

  • La recherche de Coline BOURGOIN prend appui sur Where the slaves live, une oeuvre de l’artiste Adrian Villar Rojas, réalisée en 2014 pour la Fondation Vuitton où elle est désormais exposée. La matérialité particulière de cette création, pour partie composée d’êtres vivants, éprouve la façon dont le conservateur-restaurateur peut se saisir, notamment par le biais du constat d’état, d’une sculpture « vivante », et donc,  évolutive et impermanente.


 

Monuments aux sapins morts

 

  • En réfléchissant aux solutions de stockage, de transport et de présentation adaptées à Monument aux sapins morts de l’artiste Rodolph Huguet, Elsa DECKER propose de considérer la pratique du soclage comme un prolongement de l’activité du conservateur-restaurateur. Dans cette perspective, envisager les conditions de réactivation et de préservation de cette oeuvre – acquise en 2013 par le Frac de Franche-Comté – suppose au préalable de recueillir les témoignages et la documentation qui permettront de saisir les propriétés et les références constitutives de ce « monument » d’une extrême fragilité.


    conservatoire d'anatomie

  • Enfin le travail de Timothée LECOUEDIC porte sur une collection de spécimens tératologiques conservés en fluide au Conservatoire d’anatomie de la Faculté de médecine de Montpellier. La démarche qu’elle mobilise consiste tant à maintenir les solutions de conservation en fluide de ces restes humains qu’à valoriser et transmettre les objectifs scientifiques et pédagogiques aux fins desquelles cette collection a naguère été constituée.

 

Chacune de ces recherches s’appuie sur une enquête dont l’enjeu vise à identifier les propriétés à la fois sensibles et cognitives qui sont attribuées aux objets, afin de proposer les solutions de traitement les mieux ajustées à leurs spécificités. En mettant l’accent sur la variété même des situations liées aux appréciations passées, présentes et à venir des objets qui leur ont été confiés, les candidates tracent une voie – tant méthodologique que déontologique – dont l’enjeu consiste à penser à nouveaux frais la conservation-restauration des collections d’art contemporain et ethnographiques.

crédits ESAA : GS, MM / 06.2016

Soutenances publiques

(sur le site de Baigne-pieds et sous réserve de places disponibles)

Mardi 28 Juin 2016, de 9 h à 18 h

Les travaux présentés n’auraient pu être réalisés sans la contribution de toute l’équipe administrative et technique de l’ESAA, ni sans l’accueil et la confiance réservés aux cinq étudiantes de l’ESAA par les institutions suivantes  (par ordre alphabétique) :

Conservatoire d’anatomie à Montpellier, Fondation Louis Vuitton à Paris, FRAC Franche-Comté à Besançon, FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur à Marseille, Museum d’histoire naturelle à La Rochelle.

      Que leurs responsables et collaborateurs partenaires soient ici vivement remerciés.

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