Projet porté par Emma Bigé et Morgan Labar
Coordinateur de projet : Lucas Fritz
Référent ESAA : Ross Louis
Le projet Landing Zones (Unruly Ecologies. Art, Attention, Neurodiversity), qui a obtenu un financement Europe Créative pour 2025-2026, vise à favoriser les espaces et les cultures à l’intersection de l’activisme pour la neurodiversité et de l’écologie, par la création d’une bibliothèque numérique transnationale et d’installations aménageant les espaces de travail. Depuis plusieurs décennies, l’activisme et la théorie neurodiverse se déploient dans les mondes sociaux, culturels et académiques, cherchant à nous rappeler les triple fait que :
- il existe une multitude de façons de percevoir, d’interagir et d’être au monde,
- toute une série de pressions sont exercées pour nous faire croire que l’une est meilleures que les autres,
- il est nécessaire de créer des conditions concrètes (espaces, modes d’attention, ressources, méthodologies) pour ouvrir les espaces d’accueil de la neurodiversité.
Pour répondre à ce besoin, le projet est centré sur la construction de zones d’atterrissage temporaires (ZAT) : des lieux de repos, de sieste, de ralentissement. Les ZAT sont des insertions architecturales, dans une école, dans une galerie d’art, au cœur d’une ville : ce sont des espaces où l’on peut rester, aller et venir, dormir ou ne rien faire pendant un certain temps. En complément des ZAT, le projet travaillera à la création et la traduction de ressources textuelles essentielles à l’intersection des études environnementales et neurodiverses. En donnant un contexte théorique à la nécessité de récupérer « le repos comme résistance », cette bibliothèque sera composée de textes physiques et numériques (dans des zines et des livres audio), traduits en langues faciles (anglais / français / croate / danois), ou faciles à lire. Les activités de Landing Zones consisteront en deux séries d’ateliers d’une semaine dans chaque site partenaire. Ils aboutiront à l’installation de ZAT dans chaque site et la création, en ligne et sur place, d’une bibliothèque transnationale.
Trois partenaires constituent ce consortium : l’École supérieure d’art d’Avignon ; Umjetnički Paviljon Zagreb, centre d’art contemporain de la capitale croate ; l’Université de Aarhus au Danemark. Ce consortium sera éventuellement rejoint par l’ENSBA de Lyon et l’ENSAD de Limoges.
Temporary Landing Zone #1 : “S’allonger quoi qu’il en soit”.
Il s’est déroulé à Avignon du 22 au 25 avril 2025 :
“Donc me voilà face à un choix : je peux m’exclure du monde social, ou bien m’allonger quoi qu’il en soit. S’il n’existe aucun mode d’emploi, j’en écrirai un pour mon propre usage.”
Lors de ce workshop, nous suivrons les mots de l’artiste et activiste handie Liz Crow qui dans “S’allonger quoiqu’ils en soit”, nous invite à nous saisir des contraintes d’accessibilité afin de renverser les normes du corps valide, et notamment du cerveau valide.
À travers l’appropriation collective de certaines techniques d’accessibilité sensorielle et cognitive (comme le Facile à Lire et à Comprendre ou l’aménagement sensoriel), le workshop interroge la façon dont les normes de bon fonctionnement du cerveau guident nos manières d’habiter l’espace, d’entrer en relation avec ses habitant·e·s, et de mobiliser les outils, médiums, objets qui nous entourent.
Pensé avec et à travers les besoins des personnes neurodivergentes, ce workshop s’adresse néanmoins à celles et ceux qui ne peuvent plus (ou n’en peuvent plus de) s’aligner sur ces attentes de bon fonctionnement corporel, et souhaitent intentionnellement les décevoir.
Pendant 3 jours, et à partir du texte “S’allonger quoiqu’il en soit”, les participant·e·s du workshop sont invité·e·s à entraver ces normes et à transformer concrètement leur façon d’interagir et d’habiter l’espace qui les entoure : à se frayer de nouveaux accès dans les espaces et les modes de communication les plus familiers, à tracer des voies entre espaces d’art et les espaces protégés, à laisser éclater les accès de fatigue et de joie, leur accès d’accessibilité.
Nous en appelons aux épuisés et aux excité·e·s, aux fatigué·e·s de la vie et à celleux qui se fatiguent elleux-mêmes, aux évadé·e·s psychédéliques et aux échapé·e·s anxiolytiques : il est temps de se frayer un autre accès à nos corps, à nos mots, à nos espaces, et notamment aux espaces d’art.
Ceci n’est pas une poussée de fatigue, c’est un accès de révolte.
Ceci n’est pas de l’empathie pour des corps autres, c’est une autre façon de sentir nos corps.
Ceci n’est pas un workshop d’accessibilité, c’est un workshop pour se frayer de nouveaux accès.